Le musée qui a le don d'ubiquité

 "- J'admire ce que tu fais au Bénin et je serais ravi d'apporter ma contribution à ton action en matière de diffusion de la culture, notamment via des supports numériques.
- Pourquoi pas. Mais d'abord, que sais-tu faire ?
- Je m'y connais en réalité augmentée par exemple, laisse-moi t'expliquer [...]
- Si je comprends bien, grâce à cette technologie, les enfants qui visitent le Musée de Ouidah pourraient visionner virtuellement des tableaux que je ne peux importer au Bénin pour des questions d'hygrométrie, coût, etc ?
- Oui, c'est cela.
- Excellent. Je réfléchis à tout ça et je te recontacte."
Tel est l'échange téléphonique -entre Marie-Cécile Zinsou et moi- duquel est né le projet WAKPON.

©Jöel Koukoui

Depuis lors, l'équipe de la Fondation Zinsou a apprivoisé cette technologie, au point d'en imaginer un usage jusqu'ici inédit : permettre à quiconque, au Bénin, en Afrique ou dans le monde, de visiter, via l'écran et la caméra d'un smartphone, les œuvres qui font la collection du Musée de Ouidah, grâce à une expérience muséale dématérialisée.
Un ancien fantasme personnel allait s'exaucer : mettre mon expertise technique au profit d'un usage qui soit tout sauf gadget !
Car bien plus qu'une innovation d'usage, WAKPON résout un problème d'accès à l'art. Permettre à ceux qui sont éloignés d'un musée d'y avoir accès à distance. En particulier, il n'y a qu'un musée d'art contemporain en Afrique de l'Ouest, c'est celui de Ouidah, au Bénin.
En effet, toute personne, simplement munie de l'application mobile WAKPON[1] et des dix cryptogrammes associés[2], accrochés à un mur, dispose virtuellement d'un clone du Musée de Ouidah. Il lui suffit de viser une de ces images avec sont téléphone mobile ou sa tablette tactile pour y voir apparaître, comme par magie un tableau, qui apparaît comme s'il était accroché au mur, en lieu et place du cryptogramme visé. Libre alors à l'utilisateur de rapprocher son appareil de l'œuvre virtuelle pour en scruter les détails, ou de se concentrer sur l'audioguide intégré.
En prime, l'expérience montre que cet avant-goût offert au visiteur virtuel l'incite à se rendre  à l'exposition réelle.
Grâce à cet outil, une nouvelle forme de lieux a vu le jour : des "musées-relais". À Ouagadougou (Burkina Faso), par exemple, un lieu où sont accrochés ces cryptogrammes offre à ses visiteurs une "exposition virtuelle permanente" de la collection du Musée de Ouidah.
Mais ce problème d'accès à l'art n'est pas qu'africain ; nombre de musées cherchent de nouveaux moyens d'attirer des publics éloignés de l'art, notamment les jeunes. Je me réjouis d'avance que cette solution "made in Bénin" puisse inspirer d'autres centres d'art de par le monde.
Aussi, je salue l'ouverture d'esprit des artistes, lesquels ont accepté la diffusion, à travers WAKPON, de leurs œuvres. Par cette entreprise, j'ai aussi saisi le rôle que joue un mécène : conquis par le projet, il a su le rendre possible.
Aux côtés des différents membres de l'équipe de la Fondation Zinsou, découvrir, avec mon point de vue "tech & usages", le monde des musées et de l'art contemporain s'est fait tout en douceur. J'espère que la passion collective qui nous animait tant, pendant cette collaboration, sera perçue par les utilisateurs de WAKPON.


©Jöel Koukoui


Enfin, Ouidah se révèle non seulement une ville chargée d'histoire, mais également la ville de ma mère. M'y rendre en vue d'installer le prototype de WAKPON demeurera, pour moi, un moment inoubliable.

Merci à tous.

Pierrick Chabi
Entrepreneur 
Extrait du Livre des 10 ans de la Fondation Zinsou 


[1]. Application en téléchargement gratuit pour Smartphones et tablettes sur Google Play et App Store.
[2]. Cryptogrammes imprimables gratuitement depuis http://www.wakponapp.org/.

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