"Ken" d'Omar Victor Diop et vos histoires...#storiesMW #MuseumWeek

Vous avez été nombreux à donner libre cours à votre imagination pour répondre à notre concours "S'il vous plait Raconte moi un mouton !" en vous inspirant de l’œuvre d'Omar Victor Diop, Ken. 
Les résultats du concours seront dévoilés ce soir après délibération de notre jury !
Voici vos nouvelles, bonne lecture !

Omar Victor Diop
Ken
Série Le Studio des Vanités
2011
©Omar Victor Diop
Courtesy Collection Zinsou

Catégorie adulte


La vendeuse d’espérance
L'immensité de ma demeure n'avait point besoin d'éclairage. Elle l'était déjà. Chacun des êtres vivants qui y siégeaient, fécondent, un paradis immaculé fondu par un seul éclat lumineux. Le lieu incarnait un vide profond. Elle vous donnait l'impression d'une totale insignifiance. Celle semblable à un orgueil inavoué. Rien ne pouvait être touché, pourtant, on pouvait sentir une présence. On croirait toucher l'absolu, l'entier qui nous donnerait l'impression d'être différents les uns des autres.

Je vivais moi, petite brise, au milieu de ce paysage inanimé. Tous les jours, je fredonnais un air doux que savait apprécier cette charmante verdure. Je sentais leurs effluves voyager jusqu'à moi. Je chantais le temps, la nature, le présent et les jours qui m'échappent. Dans la blancheur d'une voûte lumineuse, je vis un point dont la clarté m'éblouit. Je fis alors un vœu : celui du goût à la vie. J'essayais par mon souffle d'apporter un peu de chaleur et de gaieté.

Je récitais mon temps quand je  vis venir la dame aux milles couleurs. Elle se prénommait la vendeuse d'espérance. La monotonie et le vide l'avaient attiré sur ce lieu que l'on ne pouvait voir avec son œil, mais plutôt avec son cœur. Elle m'apprit les sept vices qui guidaient le monde. Lorsqu'elles étaient réunies, on les prendrait pour un bouquet de mille et uns artifices… Voilà ce qu'il faut pour tromper le monde. Des couleurs... elle en possédait des milliers.... Elle les offrait aux cœurs tristes, aux âmes perdues. Cet échange sans dîme représentait pour l'homme un miracle. Mais en réalité cela fait peser sur lui une dette.

Elle donna à cette terre ce dont elle avait besoin. L'orgueil. Chacun pourrait ainsi s'attribuer ses propres mérites. L'envie. L'être vivant rêve d'un dû, d'apprivoiser et de convoiter. L'avarice. Pourquoi donner aux autres ce que l'on estime insuffisant ? La colère. Ce monde sera toujours fait d'homme injuste que la justice se chargera de juger. La luxure. Le désir de satisfaction est inné. Il doit se satisfaire. La paresse. Les couleurs de la vie prennent le dessus et affaiblissent la raison. La gourmandise. L'insatiabilité de l'être imparfait le distingue parmi ses semblables.

Elle avait dispersé telle une pluie de feu toutes ses couleurs. Elle venait de donner vie à cette immense verdure. Chaque être vivant prendrait goût à la vie. Il se croyait libéré, mais en réalité, il paierait chaque jour ses dettes.

Océane-Marie Adjovi


 
 Ken (Monologue)
- Ça y est ! Enfin un peu de lumière. Je vais pouvoir me réveiller.
Non mais je rêve ? Où suis-je ? Et qu’est-ce qu’ils ont à me regarder ceux-là ! Non, mais je rêve !
Qui vous a appris à regarder les gens comme ça, hein ! A votre âge ! Non, mais vous n’avez pas honte !
Ah non hein, ne me touchez pas !!!! Pas question ! Aaaah !
Merci Monsieur !
- Enfin quelqu’un de poli dans ce bas-monde !
Merci Monsieur. C’est ça, merci de leur apprendre à ne pas toucher n’importe qui !
Non, mais quand même !
J’ai ma dignité moi ! Je suis une dame moi, et pas un animal de foire tout de même ! Mais qu’est-ce qu’ils ont tous à me regarder comme ça ?
Mais qu’est-ce que vous avez tous à me regarder comme ça !?!?!?!
Ça va pas non !?!?!?!
- Monsieur s’il vous plaît, vous pouvez leur dire de cesser de me regarder comme ça ?
Monsieur ? Ouh ouh, Monsieur ? Monsieur ? (En hurlant) Monsssssssssieuuuuuuuur !!!!!! Vous pouvez leur dire d’arrêter, d’arrêter de me regarder comme ça ????
S’il vous plaît, dîtes-leur d’arrêter de me regarder comme ça…
Allez Monsieur, s’il vous plaît quoi, un petit effort quoi.
Vous êtes sourd ou quoi ?
- On dirait qu’il ne m’entend pas.
- Monsieur ? Monnnnsieuuur ?
- Qu’est-ce que vous dîtes ?
Mais quoi ? Fondation quoi ?
Mais je vous en ficherai moi de la Fondation machin truc.
- Quoi, Fondation Zinsou. Mais tout pareil ! Rien à faire de la Fondation Zinsou moi. Je vous dis que je veux que ces enfants cessent de me regarder comme ça !
Ce n’est pas compliqué quand-même !
- Quoi, ces presque 5 millions de visiteurs en 12 ans d’existence !
Mais je m’en moque !
Je vous dis que je veux qu’on arrête de me regarder comme ça. Je ne suis pas un animal de foire tout de même !
- Quoi ces 27 expositions ? Mais qu’est-ce que ça peut me faire ? Vous êtes sourd ou quoi ?
- On dirait qu’il ne m’entend pas
(Bruit d’un choc contre une vitre)
- Aïe ! Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ? Du verre ? Mais quoi ? Je suis enfermée ? Je rêve ! Je suis enfermée ? Ils m’ont enfermée comme un poisson dans un bocal !
Et c’est quoi cette tenue ? Mais de quelle tenue ridicule m’ont-ils affublée ?
Et ce décor ? Mais c’est quoi ? Mais c’est moche. J’aime pas du tout les couleurs ! C’est d’un kitsch ! Pas du tout de mon goût. Et puis cette ombrelle. Non, mais moi, je suis noire et fière de l’être ! Pas besoin de tous ces artifices ! Pas besoin d’ombre pour m’empêcher de prendre le soleil. Je suis faite pour la lumière moi.
Rendez-moi ma couleur ! Rendez-moi ma liberté !
- Quoi, mais quand-même. C’est dingue ça ! Ah je n’aime pas ça ! Et puis j’ai mal aux mâchoires. Vous n’avez pas le droit de coincer un sourire sur le visage des gens comme ça, sans leur demander ! Mais pour qui vous prenez vous vous !!
- Allez c’est ça ! Tournez-moi le dos. Oui oui, c’est ça, allez-y, partez. C’est ça, allez. Vous faîtes bien de partir ! Je m’en fiche moi de toute façon. Pas besoin de vous pour être ! Pas besoin de vous pour exister !
Non, mais qu’est-ce que vous faîtes ! Mais pour qui vous prenez vous ?! Vous ne manquez pas de toupet ! Pas de photo s’il vous plaît.
- Merci Monsieur.
Quand même ! Au moins quelqu’un qui possède un peu d’éducation dans ce bas-monde. 

(La lumière s’éteint)

- Ça y est ! Enfin seule. Enfin un peu de calme et d’obscurité. Je vais enfin pouvoir me reposer. 

(Quelques heures plus tard)

(Reprise du texte depuis le début)
- Ça y est ! Enfin un peu de lumière. Je vais pouvoir me réveiller.
Non mais je rêve ? Où suis-je ? Et qu’est-ce qu’ils ont à me regarder ceux-là ! Non, mais je rêve !
Qui vous a appris à regarder les gens comme ça, hein ! A votre âge ! Non, mais vous n’avez pas honte !


Céline Coyac-Atindehou


Que de fleurs
Des fleurs par milliers.
Comme si j'avais moi-même Mille et une vies.
Au dessus de ses centimètres, bien en dessous de cet énorme parapluie, je suis la fleur qui existe ici et pas ailleurs.
Une rose, peut-être, Tulipe moins sure, précieuse avec garantie.
Pour revenir au nombre, je peux dire que d'où je viens nous sommes plus Que nombreuses.
Des sœurs, cousines, tant et tant que milliers semblent être un bien petit mot pour nous décrire. D'ailleurs en y pensant: mon papa m'a toujours recommandé de compter les hommes, non pas par un, mais par bout de bois de Dieu. Va savoir pourquoi, Les choses des adultes sont si complexes.
C'est normal je pense, leurs yeux ne voient que l'essentiel quand le plus important est lui,  perçu par le cœur.
Je me suis souvent dit qu'on était toutes les mêmes, toutes des Roses. Mais Renard lui, affirme que si nous étions les mêmes nous n'aurions pas une si grande importance. Ressemblance, dissemblance, que des mots de grands alors que moi tout ce que je veux, c'est uniquement de vivre assez longtemps pour voir Les baobabs disparaitront tant ils risquent de détruire ma planète s'ils grandissent trop.
Bon, je m’arrête la, ce n'est franchement pas bien vu qu'un jeune homme, en plus un Prince qui garde un mouton, voudrait empêcher ce dernier de manger sa rose en se faisant conseiller par un renard.
Les choses sur cette planète sont de moins en moins claires...

Halle Borobo

Catégorie enfant 

Mon plus grand rêve


Un jour, une jeune fille africaine, angolaise, qui vivait au temps de l'esclavage, rêvait de partir en France et de devenir une vedette du mannequinat.
Un jour, un styliste vint dans son pays, il cherchait une esclave, et il choisit Awa, et l'emmena en France.
Arrivés là-bas, il lui montra son humble demeure et lui dit : « C'est ici que tu travailleras en tant que femme de ménage ». Le jeune styliste du nom d'Alexandre travaillait dans la plus grande entreprise de mode de Paris.
Pendant ce temps, la jeune Awa travaillait. Après avoir fini son travail, elle écrivait des lettres à sa famille pour leur dire que tout allait ben.
Les jours passaient et Alexandre appréciait la compagnie d'Awa l'Angolaise, il y avait même des jours où il passait son temps à l'admirer.
De son côté, elle trouvait le travail d'Alexandre fascinant et commençait à avoir des sentiments pour lui.
Un jour Alexandre l'invita au restaurant et ce fut un charmant repas. Après avoir fini le dîner, ils firent une belle balade au bord de la Seine et ils tombèrent amoureux. Le lendemain, il se rendit compte qu'Awa était un merveilleux mannequin et lui proposa un travail.
Et c'est là que commença sa carrière...

Perrine, Sin Yuan, Antoine et Fatima (élèves de Sixième à EFE Montaigne)

La Liberté
J’en avais marre, chaque jour était une torture, chaque jour je n'avais pas le courage de sortir dans la rue de peur de me faire harceler.
Un jour, j'ai rencontré un homme gentil, intelligent, sénégalais comme moi, nommé Omar Victor Diop. J'ai appris à le connaître, il était photographe. Nous partagions le même désir de liberté. Plus le temps passait, plus le désir augmentait, et avec le temps nous sommes tombés amoureux l'un de l'autre et il me dit : « si nous pouvons nous aimer, nous pouvons tout surmonter ». Il me l'a dit sincèrement et je lui ai répondu fermement : « Non, je ne supporte plus une vie pleine de racisme, si tu peux et bien... pas moi ; je veux revoir ma famille, mes amis et si tu ne veux pas, je partirai sans toi. » Il m'a regardée d'une manière très douce mais mon choix était définitif. Cette photo que j'avais retrouvée m'a permis de me décider ; l'avion était pour le 28 juin à 2h30 et il me restait donc une semaine avant mon départ pour la liberté.
Le lendemain j'ai rencontré Jack Christophe, le célèbre animateur allemand, qui voulait me faire passer un casting. Après avoir passé ce fameux casting, il m'a invitée à prendre un verre au bar du coin. C'était la première fois que je voyais un homme blanc qui n'était pas raciste. Le jour que j'attendais tant était presque arrivé. Finalement je ne voulais plus quitter ce pays, et je voulais vivre ma vie en Allemagne. Mais je n'avais plus que deux jours pour me décider, il fallait que j'arrête d'y penser et que je me dise qu'au moins là-bas je serais mieux traitée et que je serais avec ma famille.
Arrivée à destination, je suis si heureuse de revoir ma famille que les larmes en sortent mais mon cœur aura toujours un vide : celui de Jack et celui de Victor, car je les aime.


Amélie, Elena et Rose Marie (élèves de 6ème à EFE Montaigne)
 


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