Une plongée au cœur des ateliers de danse
©Delphine Chevalme |
5ème Journée de « Dansons Maintenant ! » #3
Dans les années 70 en France, les premiers enseignants de danse africaine n’étaient pas des « professeurs » de danse dans le sens occidental du terme ; les savoir-faire et les techniques de corps qu’ils enseignaient étaient différents des pratiques européennes de l’époque comme la danse classique, la danse moderne et la danse contemporaine. Ces enseignants africains cherchaient surtout à recréer les conditions de danse de leur village. Ils reconstituaient une ambiance familière de convivialité et de joie de danser et amenaient les personnes présentes à bouger et à accéder au plaisir immédiat de la danse et de la musique en partageant le répertoire des danses traditionnelles. En Afrique, la plupart des gens pensaient qu’ils n’avaient pas besoin de cours de danse africaine. Cela faisait partie de leur tradition. Plus de trente ans après, dans les cours de danse africaine pour amateurs, on sent tout de même une réelle évolution des pratiques, des méthodes d’enseignement et de la pensée, même si le désir de donner du plaisir et d’être dans la convivialité reste très fort, voire la priorité.
S’intéresser aux ateliers de danse pendant la 3ème édition de « Dansons Maintenant ! », c’est plonger dans les modes d’enseignement ou de transmission de la danse et entendre des discours et des visions du geste et du corps dansant. Il y a une jolie variété d’ateliers disponibles au public : capoeira, salsa, danse africaine, danse contemporaine, etc. à la Place des Martyrs. Ces ateliers sont ouverts aux grands comme aux petits. Certains de ces cours de danse ou initiations sont spécifiquement adressés aux petits, d’autres à des adolescents et enfin, quelques-uns à tous. Les professeurs sont aptes, généreux et parlent avec passion de leur style de danse.
©Hector Sonon |
Les ateliers à la Place des Martyrs sont bien différents de ceux des danseurs professionnels qui se passent au Centre Chorégraphique Multicorps. La priorité pour les amateurs est plutôt la convivialité et le plaisir de bouger. Toutefois, les chorégraphies et les séquences données restent malgré tout assez rigoureuses même s’il n’y pas d’exigence particulière des professeurs. Le public peut joindre ou quitter à n’importe quel moment les ateliers. C’est l’immédiateté de la récréation et du corps sensuel qui compte. L’atmosphère est très différente dans l’atelier de Germaine Acogny ou celui de Seydou Boro dans lequel les participants sont plutôt des amateurs éclairés. Le corps, ici, est docile, voire soumis ; il doit être maîtrisé et disponible afin de se plier aux exercices ou aux phrases demandées. Pourtant, malgré les difficultés techniques, on devine le plaisir dans les regards des danseurs, un sourire qui s’échappe et parfois des applaudissements spontanés, mais également de temps à autre de l’incertitude.
©Karine Maincent |
Le point commun de ces différentes techniques de danse, telles que la capoeira, la salsa ou la technique Acogny est l’importance de la posture. En effet, la posture que l’on trouve dans la ginga, le pas de base de la capoeira, n’est pas celle de la salsa. Dans la ginga, le torse est baissé, voire courbé, les pas ébauchés sont déjà des pas d’esquive ; on sent déjà dans la mise en action une certaine explosivité contrôlée et prête à émerger. Dans la posture de la salsa, le corps est érigé, fier et droit et même si les danseurs sont provisoirement sans leur partenaire, on ressent leur présence/absence. Le corps ici n’est pas sur la défensive mais bien au contraire sur l’ouverture, le contact. Dans la technique Acogny, c’est la colonne vertébrale qui est importante. Le dos ondule et vibre. La posture est certes droite, à la fois dirigée vers le ciel comme vers la terre, mais la colonne vertébrale est ouverte au monde à toutes les énergies qui peuvent la traverser comme pour mieux la diffuser dans tout le corps. Le corps est réceptacle et rythme. Ce corps dansant dans la technique Acogny ou même dans le travail de Seydou Boro fait écho à celui de la salsa et de la capoeira à travers le rythme et l’ancrage au sol. C’est dans ces postures distinctes, bases fondatrices de ces techniques de danse que le corps doit trouver sa liberté et renouer avec l’émotion et l’expression pour DANSER.
©Elodie Chevalme |
Patrick Acogny
Great. Actuellement je suis l'atelier de Seydou Boro et c'est vraiment très intéressant. Dur pour un danseur amateur mais vraiment passionnant.
RépondreSupprimerMerci pour cette initiative.
David