4ème Journée de « Dansons Maintenant ! » #3
©Hector Sonon |
Le spectacle Boite Noirs est le premier créé par le jeune danseur et chorégraphe béninois Kevin Adjalian. La pièce est présentée comme du hip hop contemporain. On voit le chemin parcouru par le hip hop où, à une certaine époque, il était perçu par les politiques comme le moyen de canaliser l’énergie des jeunes des banlieues. Aujourd’hui, il est fréquent de voir les danseurs classiques et contemporains emprunter des mouvements hip hop et de voir les danseurs hip hop s’éloigner de leurs univers musicaux habituels. Le hip hop, d’une certaine façon, a bien gagné ses lettres de noblesse tout en se forgeant une identité.
©Elodie Chevalme |
Toutefois, dans cette pièce nous sommes bien loin des signes extérieurs du hip hop. Tout d’abord les corps sont nus ou presque. Simplement vêtus d’un short noir. Trois danseurs sont sur scène. Pas de chaussures, pas de vêtement de sport, pas de casquette, pas de gestes et attitudes « hip hop ». Des corps qui, à travers des séquences et des gestes répétés, écrivent une histoire de violence et de révolte. On voit par moments des gestes provenant du crumping, une danse hip hop venue de Los Angeles et apparue dans les années 1990. Malgré son apparente agressivité, c’est une danse non violente et les mouvements sont très rapides. La rage ou la colère qui semble être exprimée, reflète en réalité la vie et toute sa jouissance.
©Karine Maincent |
La pièce commence très lentement et, si au début, on a un peu de mal à rentrer dans le propos du jeune chorégraphe, après une dizaine de minutes, s’ensuit un remarquable travail d’espace et de séquences enchainées avec des portés, des postures figées et des répétitions ; le tout dans une belle énergie contrôlée et précise. Cette partie dansée est la preuve du remarquable talent de Kevin Adjalian pour l’écriture chorégraphique. La deuxième partie du spectacle est superflue. Car comment être à la hauteur du discours de Féla Randsome Kuti quand celui-ci parle de « demo-cracy », de « crazy demo » ? C’est-à-dire de la démonstration de folie, faisant ainsi un jeu de mot avec le mot « démocratie » en anglais. Tout est dit. Ce discours est en lui-même un point final. Dommage que Kevin Adjalian tente le défi de danser cette folie et cette rage. Un péché de jeunesse certes, mais quel talent tout de même !
La deuxième partie de la soirée consiste à la projection de trois petits films. On peut parler de danse pour la vidéo. Le premier film de Seydou Boro, chorégraphe burkinabé, est intitulé Le
cheval. Il montre le danseur faire le pas du cheval. La démarche consiste, par le principe de la marche, à approcher sa part animale. Le choix du cheval n’est pas un hasard. Il est fortement lié à l’histoire du Burkina Faso et il est la plus « noble conquête de l’homme ». Toutefois, ce qui est intéressant est l’exploration de la nature de l’homme ou de son essence. S’agit-il de la nature dans l’homme ou de l’homme dans la nature ? L’interrogation nous laisse perplexe. De même, le second film du même chorégraphe On s’en fou nous parle de la folie du danseur. On voit Seydou Boro contre une voiture de transport la tête à l’envers, puis dans un marché devant des étalages de tomates, puis dans un bar sur une table, la tête toujours renversée. Les images de la fin nous donnent froid dans le dos avec une corde qui pend comme si le danseur allait se la mettre autour du cou. La dernière image montre un robinet qui goutte. Jusqu’où la passion peut-elle nous mener ? Celle de la danse ? Jusqu’à la mort ?
cheval. Il montre le danseur faire le pas du cheval. La démarche consiste, par le principe de la marche, à approcher sa part animale. Le choix du cheval n’est pas un hasard. Il est fortement lié à l’histoire du Burkina Faso et il est la plus « noble conquête de l’homme ». Toutefois, ce qui est intéressant est l’exploration de la nature de l’homme ou de son essence. S’agit-il de la nature dans l’homme ou de l’homme dans la nature ? L’interrogation nous laisse perplexe. De même, le second film du même chorégraphe On s’en fou nous parle de la folie du danseur. On voit Seydou Boro contre une voiture de transport la tête à l’envers, puis dans un marché devant des étalages de tomates, puis dans un bar sur une table, la tête toujours renversée. Les images de la fin nous donnent froid dans le dos avec une corde qui pend comme si le danseur allait se la mettre autour du cou. La dernière image montre un robinet qui goutte. Jusqu’où la passion peut-elle nous mener ? Celle de la danse ? Jusqu’à la mort ?
©Karine Maincent |
Enfin, le dernier film, Je ne sais plus qui a fait quoi, conçu et réalisé par le Collectif qui n’a pas trouvé son nom, montre des hommes et des femmes ensemble qui avancent chacun dans sa différence et sa particularité. Certaines images sont très belles, fortes et poétiques, provoquant une singulière résonnance en nous. Entre pouvoir et révolte, chacun suit son chemin, sa vérité en somme, mais doit-il se mettre au-dessus des autres au nom de cette même vérité ? Aujourd’hui, cela a un écho particulier dans le contexte social, politique et religieux du monde actuel.
Patrick Acogny
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