Le bal est ouvert


©Elodie Chevalme
Ouverture de la 3ème édition de « Dansons maintenant ! »
La Fondation Zinsou fête ses 10 ans et sa 3ème édition de « Dansons maintenant ! ». Pour ceux qui l’ignorent encore, « Dansons maintenant ! » est un festival de danse africaine contemporaine. Une des particularités de cette 3ème édition est qu’on y verra que des œuvres chorégraphiques commandées par la Fondation Zinsou. Cette année, la marraine du festival est la grande chorégraphe et danseuse Germaine Acogny, béninoise d’origine, mais sénégalaise d’adoption. Une autre caractéristique de cet évènement est que le thème proposé est la musique africaine des années 60, 70 et 80. Cinquante-cinq danseurs et chorégraphes connus et moins connus seront présents pendant neuf jours. Neuf jours de danse, de spectacles et de stages pour amateurs, comme pour professionnels. Les spectacles seront ouverts à tout public, des plus jeunes aux plus âgés. Il s’agit d’un évènement à la hauteur des multiples activités de cette fondation plutôt orientée vers les arts visuels et les arts plastiques et qui s’intéressent de plus en plus à cette danse contemporaine africaine. Elle joue le rôle de véritable promoteur culturel en plaçant l’ART à la portée de tous et notamment des plus jeunes, c’est-à-dire au public de demain.

©Elodie Chevalme

Mais à quoi doit s’attendre le public béninois ? L’affiche du festival représente un danseur de dos et dont on voit les fesses bien galbées. Il porte ce qu’on appelle une trousse, une sorte de cache-sexe noir. Le danseur en question s’appelle Adedayo Muslim Liadi, il est nigérian et chorégraphe reconnu dans son pays. La photo est celle du grand photographe Antoine Tempé qui a déjà été invité par la Fondation à exposer son travail lors de la première édition de l’évènement. Cette affiche est belle et spectaculaire. Mais quel message envoie-t-il à la population béninoise ? Doit-on s’attendre à voir des danseurs dénudés ? Est-ce une manifestation pour tout public ? Quel genre de spectacles va-t-il y avoir ? Quelques questions bien légitimes pour un public qui s’intéresse à ces nouvelles formes chorégraphiques et qui se fait de plus en plus nombreux.
Pour s’informer sur ce type de spectacles, le public dispose des médias, de la radio, de la télévision, des journaux et des réseaux sociaux. Il peut écouter les messages et les discours qui se rapportent à l’évènement pour se faire une première idée. Ensuite, il y a la réputation des chorégraphes et des danseurs. Sont-ils connus ? Ont-ils une bonne réputation ? A-t-on envie de les découvrir ? Qui organise l’évènement ? Quelle est la notoriété de l’organisateur ? C’est important car cela va inciter le public à avoir envie de se déplacer. Enfin, le lieu où se joue l’évènement est primordial, car il est lié à une image, à une popularité et une réputation. Certains spectateurs n’osent pas se risquer dans un théâtre car ne possédant pas cette culture, ni l’habitude de fréquenter ces lieux. Ils sont sans doute intimidés. Une place publique, où l’on peut voir un spectacle, est, par contre, moins impressionnante, car étant à l’extérieur et donc moins guindée et moins élitiste. La question du coût ne se pose pas puisque tous les spectacles sont gratuits !
La Fondation Zinsou bénéficie d’une excellente image pour la culture au Bénin. Les précédentes éditions ont été un grand succès public. Celui-ci est sûrement tout à fait prêt à renouveler sa fidélité et à continuer de suivre les activités culturelles proposées. Les lieux de représentation ont été pensés avec soin. Ainsi, à la Place des Martyrs, auront lieu quelques représentations qui permettront à la population d’apprécier et d’accéder à cette jeune danse africaine. Enfin, l’Institut Français du Bénin, qui possède sans doute les meilleures infrastructures techniques du pays et offrira à la fois aux artistes et au public des conditions optimales pour les créations. Ainsi, tout a été pensé afin de permettre à une large population de participer à cet évènement exceptionnel.

©Sophie Négrier
Une dizaine de spectacles pourront être visionnés durant cette 3ème édition. Il est difficile de prédire si le spectateur sera réellement enchanté de cette semaine de danse contemporaine. Il est à souhaiter que les créations contemporaines soient fortes, intenses, originales, fraîches, émouvantes et engagées. Qu’elles nous laissent des empreintes indélébiles qui nous poursuivront longtemps. Les attentes sont énormes et c’est normal. Dès ce samedi 31 janvier, à la Place des Martyrs, la grande Dame de la danse, Germaine Acogny, telle une prêtresse, fera une danse-prière, une danse-bénédiction pour ouvrir cet évènement. Une danse de 10 minutes. Mais une danse importante pour montrer le chemin, celui du passage de relais et de la relève entre deux générations d’artistes, car deux de ses « enfants de la danse » l’accompagneront. D’abord, il y aura la restitution d’atelier de recherche, intitulée « Le bal de la Fondation » et dirigée par Patrick Acogny avec des danseurs professionnels béninois et qui aura lieu également à la Place des Martyrs. Les danseurs montreront le résultat de leurs travaux sur la déconstruction des danses traditionnelles. En soirée, Marcel Gbeffa, un enfant du pays et un danseur formé par Germaine Acogny, proposera sa nouvelle création ‘’Root’in’’ à l’Institut Français du Bénin à 20h30. N’oublions pas le spectacle Africaman Original, de Qudus Onikeku, jeune chorégraphe nigérian basé à Paris et récipiendaire de plusieurs récompenses en Afrique et en Europe, et de son partenaire Isaac Lartey à 19h30, également à l’IFB. Le bal est donc ouvert, que la danse commence !

Patrick Acogny
©Sophie Négrier

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