Benin, Cuba, Brésil, Haïti…Pérégrinations sur les traces d’Exu



Les photographes en résidence artistique à la Fondation Zinsou ce mois de janvier, à savoir l’espagnole Cristina de Middel et le brésilien Bruno Morais poursuivent ensemble à Ouidah, un projet commencé à l’autre bout de monde…

Les prémices du projet

Après s’être rencontrés à Rio de Janeiro et y avoir découvert l’incroyable richesse de la religion Umbanda, la branche brésilienne du vaudou (arrivé avec les esclaves au Brésil), les photographes Cristina de Middel et Bruno Morais ont fait le projet commun d’un essai photographique concernant la diaspora religieuse issue du Bénin.
Muni de son appareil photo, Bruno Morais a documenté les rituels et les fêtes d’Umbanda pendant de nombreuses années. Quant à Cristina de Middel, elle a capturé de nombreuses images sur le vaudou lors de sa dernière visite à Ouidah. L’un et l’autre ont réalisé qu’ils pourraient construire une approche intéressante en explorant simultanément les quatre branches du vaudou toujours fortes et vivantes des deux côtés de l'océan Atlantique.

Un conte à la manière d’un cadavre exquis

En reprenant la structure des contes religieux et mythologiques présents à la fois dans les traditions du vaudou béninois et haïtien, et dans celles de Santería à Cuba et Umbanda au Brésil, les artistes veulent construire un conte qui commencerait au Bénin et se développerait dans ces trois autres pays. Il donnerait progressivement des indices sur les similitudes et les spécificités de chaque branche du vaudou. Comme un cadavre exquis, la fin de chaque épisode serait le point de départ de l’épisode suivant dans un pays différent, pour construire une histoire fictive qui devrait combiner narration de la magie, de la fantaisie de ces religions et aspects historiques et géographiques de la diaspora.
Le projet a débuté à la mi-juin au Brésil, a été poursuivi en août à Cuba et est actuellement continué à Ouidah dans le cadre de leur résidence à la Fondation Zinsou.

A Ouidah…

Le conte qui s’écrit en photographies a pour centre Exu, un esprit dit « protecteur » au Bénin, tandis qu’au Brésil, il est celui qui vous met au défi, afin de vous apprendre à faire vos propres choix.
Au cours d’un atelier mené par les artistes avec une petite dizaine d’enfants de Ouidah, qui pour l’occasion portaient les couleurs d’Exu – le rouge et le noir – chacun a apporté sa contribution à des vidéos performatives que Cristina de Middel et Bruno Morais souhaitent inclure à leur projet photographique.

©Bruno Morais et Cristina de Middel
Pour faire une image qui rende visibles les choix, auxquels nous confronte Exu, les photographes ont choisi le carrefour, comme symbole. Aussi, le carrefour était le terrain de jeux que les neuf enfants présents avaient pour consigne d’arpenter. Ils devaient choisir le chemin qu’ils voulaient en passant par le centre pour avoir à chaque fois devant eux le plus grand choix possible


Là, l’un suit l’autre, quand d’autres font le choix de changer de direction. Deux vidéos résultent de ce travail. Dans l’un, on choisit son chemin en courant, dans l’autre plus tranquillement, au rythme de la marche.

©Bruno Morais et Cristina de Middel
 
Il y a les choix, il y a aussi les buts. Comme symbole des options possibles alors qu’on est face à un objectif : le penalty au football. Là aussi les enfants s’en sont donnés à cœur joie, en témoigne la vidéo dans laquelle ils célèbrent la victoire d’une fin de match : à voir les sourires qu’ils arboraient, la célébration n’était pas que comédie au service du projet de nos photographes.

©Bruno Morais et Cristina de Middel


Il reste à Cristina de Middel et Bruno Morais de se rendre en Haïti sur les traces d’Exu, dans les prochains mois.
En ce qui concerne l'issue du projet, tous deux réfléchissent à une exposition ainsi qu’à un livre, qui devraient être finalisés d'ici la fin de l’année 2016.

Elise





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