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Fondation Zinsou
Jean-Dominique Burton : L’interview de la Fondation Zinsou
Jean-Dominique Burton est l’artiste photographe auteur de notre exposition "Chasseurs Nagô du Royaume de Bantè".
Céline Coyac / Avant de vous consacrer à des sujets africains, votre travail photographique se consacrait à l’Asie. Comment êtes-vous passé de l’Asie à l’Afrique ?
Jean-Dominique Burton / C’est grâce à une amie burkinabée, qui m’avait encouragé à aller chez elle pour y découvrir les Rois. Je lui ai alors dit que j’aimerais faire leur portrait mais elle m’a dit que c’était impossible. Fort de ce défit, je me suis mis en tête de faire ces photos. J’ai rencontré l’ambassadeur du Burkina Faso près la Belgique, dans l’optique de commencer ce travail. En échange de son aide, je devais lui donner quelques cours de photo. Quelques leçons plus tard, il me confia qu’il pouvait m’aider, puisque lui-même était fils de Roi.
Il m’a signifié que je devais en premier lieu rencontrer le dernier Empereur d’Afrique ; Mogo Naba.
J’ai été introduit auprès de cet Empereur. Je me suis retrouvé seul, face à lui et à tous ses ministres qui ont tenté de détruire mes propos un à un. Et finalement, l’Empereur a accepté que je le photographie dès le lendemain.
Puis, un à un, tous les Rois ont accepté. S’en sont suivis 7 000 kilomètres de périple à travers tout le Burkina-Faso grâce à un studio photo mobile, et à la complicité de deux amis. De là ont découlé tous mes autres travaux en Afrique.
CC / Pourquoi les chasseurs de Banté ?
JDB / Tout cela vient de mon périple sur les Rois du Burkina, où l’on m’avait parlé d’un Roi Sénoufo.
J’ai fini par tomber sur cet homme qui a demandé à me regarder pendant vingt minutes dans les yeux pour savoir si mon âme était suffisamment pure pour que je puisse le photographier.
Il était bardé d’une quantité de breloques liées à la chasse.
De passage au Bénin pour un tout autre travail (ndlr : l’amorce du travail sur Porto-Novo), je me suis demandé si il n’y a avait pas au Bénin, une confrérie de chasseurs tout comme il y en avait notamment au Mali et au Burkina Faso.
En 2000, j’ai trouvé sur internet, qu’il existait des chasseurs à Banté.
Sur la route pour le Nord, dans le but de cette mission, en espérant trouver des chasseurs plutôt dans cette partie du Bénin, je me suis arrêté à Banté où j’ai découvert 28 villages peuplés de chasseurs.
L’aventure a commencé là, de laquelle est né un travail en triptyque ; pour chaque chasseur, un portrait, une plante, un chant.
CC/ Comment avez-vous procédé pour travailler sur ce sujet ? Quelles furent les difficultés ? Les bonnes surprises ?
A l‘origine, j’avais pensé que ce travail durerait quatre à cinq années, puisque j’avais prévu de remonter jusqu’au nord du Bénin en plusieurs étapes, en pensant que les confréries de chasseurs seraient plutôt concentrées là-bas.
En ce qui concerne la raison qui me fit venir à Banté ; ce fut donc presque le fruit du hasard puisque j’ai décidé de suivre bille en tête cette toute petite piste que j’avais trouvée sur internet. Et puis, finalement, tout le travail était là, comme si il m’attendait depuis très longtemps.
Un gage de réussite en matière de portrait, c’est le temps et l’attention que vous portez aux gens. Il faut aimer profondément les gens et savoir leur donner immédiatement pour pouvoir faire un véritable travail de portrait.
Quant aux difficultés, les seules auxquelles j’ai été confronté, ne sont pas inhérentes aux chasseurs, mais aux moustiques et aux grenouilles dont les croassements m’empêchaient de dormir.
En ce qui concerne les difficultés techniques, et contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce fut plus difficile de photographier les plantes que les chasseurs. Techniquement, entre le flou de l’arrière plan, la netteté de la feuille au premier plan, et l’aperçu de la vibration si singulière à ces feuillages en forêt, j’ai parfois utilisé plusieurs heures de pause et de travail pour obtenir ce que je voulais.
CC/ Pouvez-vous nous indiquer un peu plus précisément ce que vous avez utilisé comme moyens techniques ?
J’ai travaillé avec une seule optique ; un 100 mm macro stabilisé, qui ouvre à 2.8, ce qui me permit de travailler sans pied et de pouvoir tourner autour des chasseurs. J’ai fait tout ce travail ouvert à 5.6 ce qui garantit une netteté intéressante sur le sujet, mais qui donne un arrière plan relativement flou, et qui met de ce fait en valeur le sujet, renforcé encore par le traitement du fond en noir et blanc. L’optique macro permet une précision et un piquet assez étonnant.
En revanche, pour la vidéo, j’étais sur pied, pour avoir une image stable.
Après avoir travaillé avec le chasseur, je retournais dans la maison du Chef de village, et devant eux, je retravaillais l’image. Pas de mauvaise surprise pour eux, je travaillais chaque photographie devant eux, avant d’imprimer la photo en format carte-postale, pour leur offrir directement.
CC / Comment définiriez-vous votre travail ?
JDB / C’est un voyage perpétuel. La photographie, c’est ma vie. C’est la transcription d’une vision que je retransmets par la photo, mais c’est toujours, et avant toute chose une histoire de rencontres, un travail de plaisir, un travail de mémoire. Je ne suis qu’un médium. Une fois que mon travail existe, il ne m’appartient plus ; il sert de témoin, de trace, à des populations en péril, à des êtres éphémères ...
Je ne veux jamais agir en voleur, je laisse toujours quelque chose de mon travail sur le moment, un tirage que je fais dans l’instant grâce à une imprimante portative que j’ai toujours avec moi.
Jean-Dominique Burton / C’est grâce à une amie burkinabée, qui m’avait encouragé à aller chez elle pour y découvrir les Rois. Je lui ai alors dit que j’aimerais faire leur portrait mais elle m’a dit que c’était impossible. Fort de ce défit, je me suis mis en tête de faire ces photos. J’ai rencontré l’ambassadeur du Burkina Faso près la Belgique, dans l’optique de commencer ce travail. En échange de son aide, je devais lui donner quelques cours de photo. Quelques leçons plus tard, il me confia qu’il pouvait m’aider, puisque lui-même était fils de Roi.
Il m’a signifié que je devais en premier lieu rencontrer le dernier Empereur d’Afrique ; Mogo Naba.
J’ai été introduit auprès de cet Empereur. Je me suis retrouvé seul, face à lui et à tous ses ministres qui ont tenté de détruire mes propos un à un. Et finalement, l’Empereur a accepté que je le photographie dès le lendemain.
Puis, un à un, tous les Rois ont accepté. S’en sont suivis 7 000 kilomètres de périple à travers tout le Burkina-Faso grâce à un studio photo mobile, et à la complicité de deux amis. De là ont découlé tous mes autres travaux en Afrique.
CC / Pourquoi les chasseurs de Banté ?
JDB / Tout cela vient de mon périple sur les Rois du Burkina, où l’on m’avait parlé d’un Roi Sénoufo.
J’ai fini par tomber sur cet homme qui a demandé à me regarder pendant vingt minutes dans les yeux pour savoir si mon âme était suffisamment pure pour que je puisse le photographier.
Il était bardé d’une quantité de breloques liées à la chasse.
De passage au Bénin pour un tout autre travail (ndlr : l’amorce du travail sur Porto-Novo), je me suis demandé si il n’y a avait pas au Bénin, une confrérie de chasseurs tout comme il y en avait notamment au Mali et au Burkina Faso.
En 2000, j’ai trouvé sur internet, qu’il existait des chasseurs à Banté.
Sur la route pour le Nord, dans le but de cette mission, en espérant trouver des chasseurs plutôt dans cette partie du Bénin, je me suis arrêté à Banté où j’ai découvert 28 villages peuplés de chasseurs.
L’aventure a commencé là, de laquelle est né un travail en triptyque ; pour chaque chasseur, un portrait, une plante, un chant.
CC/ Comment avez-vous procédé pour travailler sur ce sujet ? Quelles furent les difficultés ? Les bonnes surprises ?
A l‘origine, j’avais pensé que ce travail durerait quatre à cinq années, puisque j’avais prévu de remonter jusqu’au nord du Bénin en plusieurs étapes, en pensant que les confréries de chasseurs seraient plutôt concentrées là-bas.
En ce qui concerne la raison qui me fit venir à Banté ; ce fut donc presque le fruit du hasard puisque j’ai décidé de suivre bille en tête cette toute petite piste que j’avais trouvée sur internet. Et puis, finalement, tout le travail était là, comme si il m’attendait depuis très longtemps.
Un gage de réussite en matière de portrait, c’est le temps et l’attention que vous portez aux gens. Il faut aimer profondément les gens et savoir leur donner immédiatement pour pouvoir faire un véritable travail de portrait.
Quant aux difficultés, les seules auxquelles j’ai été confronté, ne sont pas inhérentes aux chasseurs, mais aux moustiques et aux grenouilles dont les croassements m’empêchaient de dormir.
En ce qui concerne les difficultés techniques, et contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce fut plus difficile de photographier les plantes que les chasseurs. Techniquement, entre le flou de l’arrière plan, la netteté de la feuille au premier plan, et l’aperçu de la vibration si singulière à ces feuillages en forêt, j’ai parfois utilisé plusieurs heures de pause et de travail pour obtenir ce que je voulais.
CC/ Pouvez-vous nous indiquer un peu plus précisément ce que vous avez utilisé comme moyens techniques ?
J’ai travaillé avec une seule optique ; un 100 mm macro stabilisé, qui ouvre à 2.8, ce qui me permit de travailler sans pied et de pouvoir tourner autour des chasseurs. J’ai fait tout ce travail ouvert à 5.6 ce qui garantit une netteté intéressante sur le sujet, mais qui donne un arrière plan relativement flou, et qui met de ce fait en valeur le sujet, renforcé encore par le traitement du fond en noir et blanc. L’optique macro permet une précision et un piquet assez étonnant.
En revanche, pour la vidéo, j’étais sur pied, pour avoir une image stable.
Après avoir travaillé avec le chasseur, je retournais dans la maison du Chef de village, et devant eux, je retravaillais l’image. Pas de mauvaise surprise pour eux, je travaillais chaque photographie devant eux, avant d’imprimer la photo en format carte-postale, pour leur offrir directement.
CC / Comment définiriez-vous votre travail ?
JDB / C’est un voyage perpétuel. La photographie, c’est ma vie. C’est la transcription d’une vision que je retransmets par la photo, mais c’est toujours, et avant toute chose une histoire de rencontres, un travail de plaisir, un travail de mémoire. Je ne suis qu’un médium. Une fois que mon travail existe, il ne m’appartient plus ; il sert de témoin, de trace, à des populations en péril, à des êtres éphémères ...
Je ne veux jamais agir en voleur, je laisse toujours quelque chose de mon travail sur le moment, un tirage que je fais dans l’instant grâce à une imprimante portative que j’ai toujours avec moi.
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Bravo JDB et CC, c'est un entretien pertinent. Mais qu'est ce que tu veux dire par "amorce du travail sur Porto novo" ?, CC,un autre projet de la fondation ? Qu'allez vous faire des chants des chasseurs ?
RépondreSupprimerLes chants des chasseurs sont enregistrés sur un dvd, offert dans le livre Chasseurs Nagô du Royaume de Bantè. Quant à Porto Novo c'est un livre que la Fondation Zinsou a édité en mars 2011.
RépondreSupprimerwww.fondationlaourou.org
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