Un après midi à Ouidah...

Cet après midi, nous avions une grande visite des chantiers de la Fondation à Ouidah. Nous sommes parties avec Anne, notre nouvelle collaboratrice, Nicole, qui dirige tous les chantiers, et Delphine qui les découvre, Gisèle, la magicienne de la troupe qui trouve toujours le moyen de sauver les situations les plus complexes et Ignace, notre ingénieur hallucinant qui n'a jamais peur des délais insensés et qui commence toujours les chantiers en disant "Whaou, whaou, whaou!", expression que nous avons désormais adoptée pour marquer notre surprise, notre contentement ou notre perplexité.... Nous avions également embarqué dans l'aventure Sofia et Tomas, deux artistes extraordinairement sympathiques, dont vous pourrez découvrir le travail lors de la Biennale du Bénin, le 8 novembre, et qui venaient à Ouidah pour la première fois.

Nous avons commencé par notre nouveau chantier. Un projet qui existait dans nos têtes depuis longtemps et qui prend forme depuis quelques semaines. Une envie d'art contemporain dans une ville chère à nos coeurs. Mais je vous en parlerai précisément un peu plus tard, quand il sera suffisamment avancé pour que nous puissions annoncer la date d'ouverture... Voici néanmoins quelques indices photographiques.





Ce dont j'avais envie de vous parler se trouve sur la Route des Esclaves. Nous vous avions déjà montré, il y a quelques semaines, la rénovation des statues de la foret sacrée. Voici une idée de l'avant après...

Aujourd'hui nous avons rencontré Élise, la fille de Cyprien Tokoudagba, qui mettait la touche finale à la restauration des statues de son père. Toute son équipe était à pied d'oeuvre. Le Gononfohoué a retrouvé sa tête, perdue à la fin des années 90, le singe de Ghézo a un nouvel épis de maïs dans la main, le lion de Glélé édenté a désormais une mâchoire terrifiante... Mais surtout, les sculptures de Cyprien ont retrouvé leurs couleurs d'antan. Kondô le Requin, le tambour du Roi, Hêviosso, Dan, le devin Guédégbé, Lissa, Agoli-Agbo, l'Amazone... Tous trônent, à nouveau, fièrement sur leur socles. 








Mais finalement, le moment le plus émouvant, a été d'être le témoin de la fierté d'Élise.  La fierté du travail bien fait mais surtout la fierté d'avoir redonné vie au patrimoine que nous a laissé son père.



L'espace d'un instant, j'ai revu Cyprien lorsqu'il préparait son exposition "Dahomey, Rois et Dieux", son bonheur immense à l'idée que les enfants, par milliers, viennent voir son oeuvre, son humilité face à son propre talent, sa fierté de transmettre. Car au delà du talent, qu'il considérait lui avoir été donné par Dieu, sa véritable passion était la transmission. Transmission d'une histoire, d'un héritage, d'une culture. L'idée que les générations futures devaient savoir, connaître et comprendre.

Cyprien a transmis son talent à Élise. Aujourd'hui, Élise nous transmet la mémoire de Cyprien.
 
Cyprien disait toujours "Ah Cécile! Nous allons y arriver..."

Aujourd'hui je peux dire "Ah Cyprien! Nous y sommes arrivés"

Marie-Cécile




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