Musée de Ouidah – La fabrique à fantasmes


" L’hybridité est au cœur de la société contemporaine. Elle en est même la dynamique principale. L’hybride pourtant est le résultat du croisement de deux éléments de nature différente. L’art contemporain se fait l’écho de cette hybridation à l’œuvre dans un monde qui se complexifie de jour en jour. Le monde contemporain est la grande fabrique à fantasmes, l’univers de tous les possibles. Et les artistes sont les démiurges de ce monde nouveau. "
Didier Houénoudé, La fabrique à fantasmes, série Les Cahiers de la Fondation, Editions de la Fondation Zinsou, 2015 (en vente dans les boutiques de la Fondation, 2900 fr CFA).

Nous l’avons dit, nous l’avons fait : le Musée de Ouidah accueille un nouvel accrochage des œuvres de la collection de la Fondation Zinsou !
  
En attendant de vous recevoir à Ouidah, nous vous proposons quelques lignes pour vous faire découvrir les deux œuvres qui vous introduiront dans La fabrique à fantasmes : deux Aziza du peintre béninois Cyprien Tokoudagba (1939-2012).


Vue de La fabrique à fantasmes, Musée de Ouidah
Au premier plan : deux acryliques sur toile de Cyprien TOKOUDAGBA, intitulées l’une et l’autre Aziza et datées de 2005
©Fondation Zinsou

Aziza serait un esprit qui peuplerait bois et forêts. Lorsqu’il voudrait se révéler aux hommes, il se présenterait sous forme mi-humaine, mi-végétale. Ainsi sur ces toiles l’artiste a représenté Aziza avec un corps d’homme habillé d’une jupe de raphia et une tête d’arbre. Sa tête est en effet constituée de branches feuillues.
Une autre représentation courante d’Aziza, présente l’esprit sous les traits d’un unijambiste à la chevelure abondante. Selon Cyprien Tokoudagba, chacun des « cheveux » d’Aziza serait « vivant ». Ses « cheveux » se vendraient particulièrement cher car pour les arracher, il faudrait d’abord lutter et terrasser Aziza, avant de pouvoir les utiliser pour la composition de certains médicaments traditionnels.
 
Sur la plus petite toile, l’artiste l’a peint avec des cauris sur le corps afin de symboliser sa puissance. Dans les deux versions, chaque main ne comporte que trois doigts, une façon de représenter la « bizarrerie » et les pouvoirs d’Aziza.

" La tradition dans le Bénin méridional veut que l’artiste doive sa géniale inspiration à la bénédiction que lui aurait octroyée Aziza, [aussi] génie civilisateur et de l’inspiration créatrice. Cet être mystérieux que Cyprien Tokoudagba représente avec un corps humain et une cime d’arbre feuillue en guise de tête, appartiendrait au monde invisible.
L’artiste qui recevait la bénédiction d’Aziza avait alors la capacité de comprendre le monde visible et le monde invisible, et la faculté de passer d’un monde à l’autre sans en être affecté. Il semble aujourd’hui qu’il soit en mesure d’abolir la frontière qui sépare les deux univers, provoquant dans le nôtre, des discordances et des télescopages entre les êtres humains et les créatures d’un autre âge. De telles intrusions du monde surnaturel dans le nôtre ne peuvent le laisser indemne. Elles font ressurgir cette part inquiétante de notre être qui se reflète dans des métamorphoses corporelles."
Didier Houénoudé, La fabrique à fantasmes, série Les Cahiers de la Fondation, Editions de la Fondation Zinsou, 2015 (en vente dans les boutiques de la Fondation, 2900 fr CFA).

Rendez-vous au Musée de Ouidah pour découvrir les autres œuvres de La fabrique à fantasmes !

Elise



 


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