"Gérard Quenum, rupture" - L'exposition
Avec "Gérard Quenum-rupture", la
Fondation Zinsou a délibérément
choisi de présenter le travail de
Gérard Quenum à travers une
scénographie fluide et légère,
permettant ainsi aux visiteurs de
s’approprier directement l’univers de
cet artiste d’exception et de prendre
pleinement conscience de la rupture
qui existe entre ses débuts et ses
peintures plus récentes.
A son arrivée, le visiteur fait
connaissance avec "Gérard
Quenum-rupture" dans un espace
plutôt figuratif, réservé à la
thématique des transports en
commun. Ce thème, très présent
dans l’œuvre de l’artiste, symbolise
le déplacement et le mouvement,
faisant référence aussi bien à ses
séjours londoniens avec "Taxi
Londres", 2013, qu’au Bénin et à
l’Afrique avec "Taxi brousse", 2013
ou encore "Le Bus de la Fondation",
2013.
Au 1er étage, un espace dédié à une rétrospective chronologique (2006-2013) des peintures de Gérard Quenum met en évidence cette rupture entre les œuvres de ses débuts et celles plus récentes.
L’utilisation des couleurs et de
l’espace ainsi que son style ont
évolué au fil des années et des
rencontres même si ses sujets
d’inspiration restent assez
semblables. Néanmoins, ses œuvres
récentes révèlent plus une émotion
ressentie ou une atmosphère qu’un
sujet d’actualité polémique comme
cela pu être le cas avec des œuvres
plus anciennes telles que "L’état du
monde".
L’artiste dit avoir changé son positionnement par rapport à son travail, passant d’acteur s’identifiant au sujet dans ses premières œuvres, à observateur dans ses œuvres récentes.
A ses débuts, Gérard Quenum
travaille avec des couleurs plutôt
sombres dont il recouvre la toile.
Ses représentations humaines sont
très expressives, flirtant avec un
style enfantin, revendiqué, aux
lignes courbes.
Au fil du temps, notamment depuis
sa rencontre avec l’œuvre de Jean-
Michel Basquiat en 2007, sa palette chromatique s’est réduite, et l’on
peut remarquer l’utilisation du noir et
des couleurs primaires. Les figures
humaines ont gardé leurs courbes
mais se déploient différemment sur
la toile.
Pour ses œuvres les plus actuelles,
Gérard Quenum continue à explorer
ce style tout en évoluant toujours et
encore. Les couleurs disparaissent
pour laisser la place au noir. Les
figures représentées sont des
silhouettes noires, peu nombreuses,
n’occupant plus qu’une partie de la
toile, qui se décomposent et se
transforment telles des ombres.
Gérard Quenum décrit sa peinture
comme faites d’images fantômes et
d’ombres qui transmettent par leurs
formes, les émotions qu’il ressent au
moment où il peint :
"J’ai voulu représenter des images,
mais c’est des images un peu
fantômes, en fait [...] c’est des
ombres que je représente".
Ce n’est que récemment, avec son
travail sur les "ombres", que l’artiste
a commencé à utiliser des pinceaux
afin d’être plus précis. Auparavant il
peignait avec ses mains, technique
qu’il juge plus efficace pour
recouvrir les surfaces.
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