Danse et éducation

©Hector Sonon
2ème Journée de « Dansons Maintenant ! » #3
La journée a débuté l’après-midi avec un atelier imaginé par la danseuse contemporaine Peggy Piccoli. Le concept était simple, inviter les stagiaires à participer à différents stages de danse animés par les danseurs de la chorégraphe et à assister à des solos proposés par ceux-ci. Ainsi, les apprenants étaient également les regardants. Les stagiaires étaient essentiellement des amateurs, notamment des familles libres de se joindre aux ateliers. L’idée est intéressante dans la mesure où elle nous renvoie à des situations familières traditionnelles et populaires. En effet, lors des fêtes africaines traditionnelles, le spectateur est fréquemment celui qui rentre dans le cercle de danse, devenant également le regardé. C’est-à-dire celui qui danse et qui est donc exposé, voire offert aux regards.
©Sophie Négrier
Hier, justement, le spectacle de Qudus Onikeku rendait obsolète la distance entre le spectateur et le danseur en interpellant directement le public et en l’invitant à monter également sur le plateau et à se donner en spectacle au travers d’un « cours de danse ». Il y a là une véritable résonnance entre le travail de Qudus Onikeku et celui de Peggy Piccoli, même si les approches sont dissemblables. L’espace théâtral impose un rapport réduit entre le spectateur et la danse. Il force la perception en conditionnant la conception du corps dansant. Il est un espace de séparation : d’un côté la scène et de l’autre côté l’auditorium, d’un côté les performers et de l’autre côté le public, d’un côté la performance et de l’autre côté la réception. Ces deux chorégraphes d’une certaine façon non seulement réduisent cette séparation et questionnent ces espaces, mais ils interrogent également la place et le rôle du public, entre celui d’un rôle passif et/ou actif.
La deuxième partie de la soirée était la projection du film documentaire Dancing in Jaffa dirigé par Hilla Médalia avec en vedette le danseur Pierre Dulaine, 4 fois champion du monde de danse de salon. Un film qui raconte le pari et le défi incroyable de ce danseur de faire danser des enfants juifs et palestiniens ensemble à Jaffa, en Israël. Le film est émouvant, il montre la difficulté des enfants, mais aussi celle des parents à surmonter leurs préjugés pour celui qui est perçu comme l’ennemi. On se demande si ce vénérable Monsieur arrivera à gagner son pari tant les difficultés sont immenses. Pourtant, le miracle se réalise, les enfants s’ouvrent et s’épanouissent et à travers eux la fierté des parents. C’est aussi le résultat du travail formidable des écoles et de leurs professeurs.
©Karine Maincent
Ce film nous montre que la danse peut faire des miracles et rapprocher des êtres humains si l’on dépasse nos préjugés et nos peurs. La danse est un art hautement social. En général, les cours de danse sont ludiques et sont une bonne façon de se faire de nouveaux amis. Le film montre comment les jeunes danseurs développent des valeurs sociales grâce à l’interaction avec d’autres élèves à travers les mouvements. Les chorégraphies de groupe favorisent le travail en équipe, l’autodiscipline, la confiance et la coopération. Leur posture change, ils sont plus à l’aise dans leur peau, leur confiance en eux s’accroît. On le voit, la danse stimule l’imagination, la créativité et encourage l’expression avec les autres. La danse n’amènera peut-être pas la paix entre juifs et palestiniens, mais ces enfants seront changés à jamais.

Patrick Acogny

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