Le Toxio, ou la vénération des pères par Dah Aligbonon



Dans l’aire culturelle Adja-Tado, les principaux Vodouns vénérés et adorés sont les «toxio». 

L’histoire remonte au 13ème siècle avec la princesse Aligbonon, fille du roi de Adja-Tado qui a donné naissance à Agassou, grand-père vénéré parmi tous les pères vénérés éponymes de cette aire qui prend en compte les régions allant de Adja-Tado même (aujourd’hui dans le Togo), les royautés de Allada, de Porto-Novo, de Dèdomé, de Houègbo, d’Abomey, les régions des Collines, les régions du Mono Couffo et celles aussi du Littoral Atlantique.

La première ancêtre vénérée est la princesse Aligbonon, qui a son trône et son principal couvent aujourd’hui à Houawé dans la commune de Bohicon. Houawé est le siège de pères vénérés comme Houégbadja, Dako-Donou qui ont fondé le royaume d’Abomey.

Qui parle de Aligbonon, comme mère vénérée, parle en même temps d’Agassou son fils, ancêtre des autres pères vénérés. Nous comprenons par là que dans l’aire Adja-Tado, les Vodouns adorés en premier lieu sont les représentations des grands ancêtres conquérants des royaumes : en langue fongbé ce sont les «toxio», autrement dit la vénération des pères.

Le «toxio» est donc un Vodoun-mémoire ou Vodoun-Héritage des royautés, des clans, des familles. 
Nous entendons par ancêtres éponymes, tous les pères vénérés qui par leur brave parcours historique et spirituel ont engendré les différentes royautés d’ici et d’ailleurs.

Dans notre aire, nous pouvons citer les «toxio» : ALIGBONON, GUEDEMISSA, MASSE, GANGUE, SILIGBO, HOUEZEHO, KPASSE, ADANTOHOU, AVOKANZOU, ATTOGOUIN, GBELOKO, TANHOUN, ZOMADONOU, HOUNSOUHOUNSOU, etc. Tous ces «toxio» sont des ancêtres les uns issus des autres, les uns conquérant les autres, les uns apparentés aux autres. D’autres encore sont des ancêtres qui, à défaut de régner, ont une histoire particulière ayant marqué le clan et lui ayant laissé un héritage spirituel et légendaire. Chaque «toxio» Vodoun a une histoire qui est à l’origine du clan, des totems et interdits, des normes et rituels assurant l’équilibre des membres. Ce sont des Vodouns authentiques. Toute politique de commercialisation des «toxio» est impossible ou à défaut sévèrement punie. Le Vodoun «toxio» est le protecteur du clan, car il en est à l’origine. Il reçoit des prières de bénédiction. Il désigne des adeptes, il a un prêtre. Il ne se laisse pas manipuler par des désirs personnels. A l’instar des fondateurs de certaines religions comme Jésus-Christ, Mahomet et autres, les « to » (pères) sont les fondateurs vénérés de la véritable religion Vodoun de l’aire Adja-Tado. 

On les vénère dans tout le clan, ils deviennent des «toxio». Ils ont fait connaître aux hommes les principes de vie et les lois naturelles. A travers leurs enseignements de vie, on pourrait écrire plusieurs Bibles. Ils sont plus que des prophètes. Même si les fils d’un clan se trouve à l’extérieur dans un pays étranger, le «toxio» le protège et le surveille. Le «toxio» ne tolère pas les crimes car il a un sens de vie et non d’annulation de vie.

Dans les différents clans, le couvent du «toxio» est toujours circulaire. C’est le cordon ombilical de ces clans. 


Dah Aligbonon

Texte extrait des Cahiers de la Fondation Zinsou - 2007

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